samedi 11 janvier 2014

Loire en beauté



La Loire aime à se regarder, à se pâmer d’aise, elle embrasse le romanesque et, au-delà de ses richesses, elle se veut libre. Dans son long parcours accidenté, sans aide, la Loire s’endimanche, s’enlace et maîtrise une nature qui impressionne et inspire les peintres et poètes. Le fleuve parfois déborde de joie et prend ses aises en échouage sur le flanc des berges grasses. Sa véritable écriture reste charnelle.
La Loire classique par tant de beauté, attire dans son bassin ligneux les éléments, ceux qui trouveront alliance dans l’amour. Au gré des ellipses passionnées, en surface comme en eaux profondes, la Loire offre au brochet, au sandre, ses eaux vives qui tourbillonnent autour des bancs de sable. C’est avec le goût de la découverte, pas à pas, que le fleuve entraîne au plus profond de son ventre, tout près de cette robe de traîne, blanchâtre.
La Loire, soleil dans son spectre de verdure, enfuit le silence des ombres qui ne vivent que dans une liquidité intemporelle. Espace mouvant, sensible, qui refuse la discipline, la Loire inventive invite le promeneur à parcourir ses terrains vagues. Elle est aussi tendresse sur une toile de rêve qui, poussée par une bise du Nord chargée de vapeur d’eau, sublime l’espace, s’infiltre et s’autorise des halos à l’étrange beauté.
La Loire, sans soucis, toujours en beauté, offre à l’artiste le bonheur d’un partage avec la simple mise en place de sa personne. Elle procure de multiples images, celles du Pont Canal où chantent les portées de saumon. En plein effort, revenant de trois ans d’un voyage en Atlantique Nord, les saumons remontent le fleuve Loire pour finaliser leur course amoureuse sur les gravières des Monts d’Auvergne ; ici, le voyage initiatique s’achève.
La Loire, besogneuse, se renouvelle et adopte ses affluents dans un limon de printemps. Souriante, elle s’allonge au bord de son lit en rythme avec la ponctuation sourde de la hulotte, celle d’un rituel qui engendre la saison printanière pour réchauffer le vide immense laissé par l’hiver. Le fleuve a l’obstination d’un pivert, il scrute et creuse son devenir, se matérialise, se dématérialise avec l’étrange privilège instantané de sa source fraîche.
La Loire possède l’ivresse et l’insouciance de l’éternelle jeunesse, discrète, insondable, en toute indépendance, elle joue son répertoire lyrique. Légendaire, le long fleuve sauvage, limpide, en arc-en-ciel, avec son esprit espiègle, décortique son théâtre d’amour, héritage d’un royaume fait de souvenirs, d’aventure unique, de destin hélas parfois également tragique. La Loire traverse les siècles des siècles dans son énergie nucléaire.
La Loire s’habille pour un Opéra, se déshabille pour un Vaudeville ; avec respect, ses dentelles s’approchent doucement de l’estuaire entre deux mondes.
La Loire, grande prêtresse des oracles, divinité intouchable, où tout est à prendre au plus vite pour quitter l’ailleurs, miracle d’un soir, ce rendez-vous forme un tout qui offre les images éphémères des crépuscules aux eaux langoureuses.
La Loire promet des signes de vie, elle s’incline, s’acclimate, changeante au quotidien, évanescente dans la quiétude de son jardin d’Éden, elle est secrète, s’attache et se détache…
La Loire offre son coin de sable chaud à l’œuf de l’aigrette, de la poule d’eau, mais elle maintient ses distances avec l’humain et ne s’apprivoise qu’avec la patience du héron.
La Loire file parfois en humeur fantasque, mais douce, elle se met en couvert pour la nuit, là où se déploient les chauves-souris qui ne font que froisser les étoiles de l’éternité.

Michel Hannecart - Joux-la-Ville

Loire multiple







Baignade en Loire
"La Loire est souvent présentée comme le dernier grand fleuve sauvage de france. Qu’il s’agisse de baignade, de promenade ou de navigation, les risques sont réels, mais souvent mal évalués. Le nombre de morts dans la Loire reste difficile à évaluer. Mais contrairement à ce que pense l'inconscient collectif, il n'y a pas de noyades chaque année." explique Jean-François Souchard président du Canoë Kayak Club d’ Amboise. Les bords de Loire sont jonchés de panneaux d'interdiction de se baigner derrière lesquels s'aventurent pourtant de nombreux baigneurs imprudents. En interdisant la baignade par de nombreux arrêtés préfectoraux, les autorités se sont couvertes. Mais les risques ne se sont pas évaporés pour autant. Il en existe plusieurs types, liés à la baignade, à la simple promenade mais aussi à la navigation. Bien que la Loire ne soit historiquement pas plus meurtrière que d’autres cours d’eau, elle se caractérise par des différences brutales de fonds. D’un pas à l’autre, on peut passer d’un niveau de 10 cm d’eau à 1 m de profondeur.
C’est un risque pour les pêcheurs qui se retrouvent avec les bottes remplies d’eau et de vase et qui peuvent avoir du mal à rejoindre la rive. Et c’est d’autant plus un risque pour les enfants du fait de leurs petites tailles. N’importe qui peut être surpris et se mettre à paniquer. En plus, la température, la vitesse du courant, et le manque de limpidité de l’eau, sont les principaux caractères physiques de la Loire, susceptibles de rendre la baignade dangereuse. A cela, il faut ajouter les bancs de sable, les îlots et les grèves. Une grève est un dépôt d’alluvions rattaché à une berge ou à une île, contrairement à un îlot qui est isolé par les eaux même en période d’étiage (basses eaux). Tous deux sont mobiles et évoluent au gré des crues. Ces dépôts d’alluvions forment les paysages caractéristiques de la Loire “fleuve de sable” et de plusieurs de ses affluents. Ils sont éphémères, régulièrement décapés et déplacés par les petites crues. Ce sont d’ailleurs ces bancs de sables très mous, appelés localement “culs de grève” que l’inconscient collectif a tendance à prendre pour des sables mouvants. Les sables mouvants, tels qu’on les voit dans les films ne sont pas présents dans la Loire, contrairement à ce que l’on entend très souvent. Ils peuvent toutefois générer un sentiment de panique lorsque l’on s’y enfonce. Mais l’on ne s’enfoncera jamais plus bas qu’au niveau de la taille. Il suffit de se laisser aller et de nager doucement sans s’affoler. Il faut donc être prudent pour savoir où poser ses pas. Le sol est souvent instable et peut se dérober sous le poids d’un homme, provoquant une sorte d’effondrement.
Rapporté par Augustin LEGRAND



Loire conquérante



Lorsque la Loire s'affiche à Paris
La conquérante
Elle est là cette fille, figée, souriante
Pimpante malgré le froid, toujours conquérante
Jamais elle ne se lasse, ni ne se froisse
On n’se doute pas mais son métier c’est la chasse
Halo étincelant, lumineux dans la masse
Nos désirs, sans crainte, ni scrupule elle régente
Intemporelle, quand les lendemains déchantent

Photos et texte Fanny Philippe



Ignace Spiridon
Eugène Ansen-Hofmann

lundi 6 janvier 2014

Pub par Fanny P



Acheter : sens interdit !
L’essence même de l’homme : ses sens. C’est censé ce que je dis : on voit, on sent, on entend, on souhaite toucher, goûter… On encense les produits et le sens est très clair : achetez ! Consommez ! C’est une voie sans issue, nous sommes sans arrêt censurés par le diktat de la consommation et ce, en dépit de tout bon sens...

La conquérante
Elle est là cette fille, figée, souriante
Pimpante malgré le froid, toujours conquérante
Jamais elle ne se lasse, ni ne se froisse
On n’se doute pas mais son métier c’est la chasse
Halo étincelant, lumineux dans la masse
Nos achats, sans crainte, ni scrupule elle régente
Intemporelle, quand les lendemains déchantent

La pub, c'est chic !
Fausse pudique que toi pub, où est ton public ?
Punaise tu pullules, impudente et cynique !
Ton droit de cité incite sans un hic !
Tu cibles et abrutis sans bruit, c'est frénétique !
Pour toi rien que pour, toi poudre magique
On part en embuscade sans but et sans fric
Plus belle par la pub c'est ubuesque mais c'est chic !

Ta jeunesse s'use
Ta jeunesse s’use, ta jeunesse s’use
C’est la peur des rides qui d’toute part fuse
Beauté, la ruse du botox t’amuse
Le monde du paraître se rit de tes angoisses
Tout ce qui compte c’est s’fondre dans la masse
Ta jeunesse s’use, ta jeunesse s’use
Fauchée, tu cherches une issue au décompte
Rien ne se déride quand dérivent tes contes
Sans faux-semblants, le temps fauche tes rêves
T’es jamais la reine même si tu tires la fève
Ta jeunesse s’use, ta jeunesse s’use
Le verre de trop te ronge et tu vacilles
Y’a comme un hic dans ton pays
Chômage, vacuité trou d’la sécu
Tu ris sur du temps perdu, ras le cul
Ta jeunesse s’use, ta jeunesse s’use
Les yeux secs, tu brouilles les pistes et joues au sexe
C’est l’époque fantasme brouillons et durex
C’est l’ère de la société, surgelés vite faits
Des idéaux et opinions à emporter
Ta jeunesse s’use, ta jeunesse s’use
Tu jettes tu consommes puis vice versa
Les visas pour le vice sont sans résa