dimanche 22 décembre 2013

Bords de Loire

Juana Romani le modèle préféré de Jean-Jacques Henner

William Godward

Orsay, Bord de Loire

William Bouguereau


Bords de Loire - Avec le concours des peintres :
William Bouguereau
Charles Chaplin
Henry Collings
Mateo Corcos
Achille Beltrame
Gaston Bussière
Pierre Carrier-Belleuse
Rogelio de Egusquiza
Raimundo de Madrazo
Luis Ricardo Falero
Edoardo Galli
John William Godward
Edmond Grandjean
George Hare
Hans Hassenteufel
Louis Welden-Hawkins
Eugène Ansen-Hofmann
Gustave Jacquet
Elisabeth Jerichau-Baumann
Jules Joseph Lefebvre
Lord Frederick Leighton
Madeleine Lemaire
Charles Amable Lenoir
Hugue Merle
Albert Penot
Léon Bazille Perrault
Henry Perrault
Charles Edward Perugini
Juana Romani
Herbert Schmalz
Josef Sedlacek
Antony Frederick Sandys
Guillaume Seignac
Ignace Spiridon
Jacques Antoine Valin
Elisabeth Sonrel
Antony Troncet
Marc Vérat - dessins
Émile Vernon
Friedrich Von Amerling
William Clarke Wontner

Tous créateurs nés durant le XIXème siècle et décédés depuis plus de soixante-dix ans, l’image de leurs œuvres dépend désormais du domaine public. Les peintures de ces artistes, contemporains des impressionnistes, appartiennent, de près, de loin, à l’art académique encore nommé, par dérision, art pompier. La plupart d’entres-eux étaient sociétaires des Artistes Français et participaient donc à ce titre aux expositions du Salon au Palais du Champ de Mars – des Champs Elysées puis du Grand Palais.

Dédicace
La lente Loire passe altière et, d'île en île,
Noue et dénoue, au loin, son bleu ruban moiré ;
La plaine, mollement, le suit de ville en ville,
Le long des gais coteaux de vigne et de forêt ;
Elle mire, orgueilleuse, aux orfrois de sa traîne
Le pacifique arroi de mille peupliers,
Et sourit doucement à tout ce beau domaine
De treilles, de moissons, de fleurs et d'espaliers.
Ce jardin fut le nôtre ; un peu de temps encor,
Ta douce main tendue en cueillera les roses ;
J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or
La fine majesté des plus naïves choses :
Les reines ont passé : voici la royauté
Des Lys, que leur blason au parterre eût ravie,
Et voici, fraîche encor d'éternelle beauté,
La frêle fleur éclose à l'Arbre de la Vie.»

Francis Vielé-Griffin in La Clarté de vie, 1897

C'est à la Saint-Louis, à l'ombre des vieux marronniers et dans l'odeur de pâtisserie chaude et d'absinthe de la fête foraine, que Daniel Bailleul et son ami Jeanneret virent Agnès pour la première fois. Brune, de beaux yeux, une robe légère, elle tenait le stand de tir... Deux garçons, une fille - une fille de forains qui promène son cœur sur les routes - et c'est le début d'une aventure légère et grave, comme peut l'être la découverte de l'amour quand on n'a pas vingt ans et que l'on ne songe qu'au bonheur de vivre. Belle histoire de la jeunesse, ce récit d'une amitié d'adolescents que vient soudain troubler le passage d'une fille désirable : apprentissage de la jalousie, premiers tourments des cœurs et des sens, exaltation de l'être où se confondent la souffrance et la joie. Un récit sensible, tendre, merveilleusement jeune, un livre dont le charme ne saurait s'oublier. Charme secret, mystérieux, prenant, auquel les bords de la Loire, ce fleuve qui hante toute l'œuvre de Maurice Genevoix, apportent leur lumière et leur transparence heureuse. Car ici, comme toujours chez cet écrivain, la nature est présente et vivante, inséparable de nos destins.

La Loire, Agnès et les garçons – Maurice Genevois




Loire sauvage, Loire tragique
Le XIXe siècle devait laisser aux riverains de la Loire trois souvenirs d’épouvante. A trois reprises en vingt ans, 1846, 1856, 1866, la Loire traumatisait toute une génération. En octobre 1846, des orages méditerranéens d’une rare violence s’abattaient sur le haut bassin, gonflant la Loire au Bec d’Allier, par l’apport des deux (Loire plus Allier) soit, près de quatre fois le volume de la Seine à Paris à son paroxysme de janvier 1910. Cette crue foudroyante ouvrait cent brèches dans les levées entre Briare et Langeais. La plupart des vals orléanais étaient noyés. Les varennes tourangelles furent plus heureuses, la rupture de la grande levée de Cisse à Escures et à Amboise ayant soulagé celle de Saint-Pierre-des-Corps. Mais au prix de deux morts à Amboise et d’une lourde menace sur Tours où, hautes de 7,15 mètres au-dessus de l’étiage, les eaux roulaient encore.
Moins de dix ans plus tard, fin mai-début juin 1856, la Loire semait à nouveau la ruine. Le scénario avait changé. Ce n’était plus la Méditerranée qui était en cause, c’était l’Atlantique. Le réchauffement tardif d’un printemps, succédant à un automne mouillé et à un hiver pluvieux et neigeux, accumulait sur un sol saturé des eaux déjà hautes en avril. La Loire grossie de l’Allier roulait fortement à Fourchambault. Toutes les levées craquèrent, les eaux ouvrant des brèches assez béantes pour emporter au total seize kilomètres de digues. La topographie du Val était bouleversée. Courants et remous avaient creusé, derrière les brèches, des ravins et des trous de 5 à 12 mètres ; la nappe, latéralement assagie, avait édifié des monticules de sable de 2 à 3 mètres. Les dommages étaient évalués, pour tout le bassin, à 57 millions de francs.
On a de la crue de 1856 en Indre-et-Loire une référence d’autant plus précieuse qu’unique en son genre dans l’histoire de la Loire, elle retrace avec une remarquable précision jour par jour, le cas échéant heure par heure, le déroulement du drame dans les communes les plus touchées du département. Le style journalistique de l’auteur Rouillé-Courbe, n’ôte rien à l’intérêt documentaire de l’ouvrage. Le bilan de la catastrophe est impressionnant : 85 communes inondées, y compris celles des basses vallées du Cher, de l’Indre et de la Vienne, 26000 personnes sinistrées, 15 millions de francs de dommages déclarés. Le flot, qui a encore, comme en 1846, rompu la levée de Cisse à Escures et à Amboise, rompt aussi cette fois, à Conneuil, celle de Montlouis, faisant à La Ville-aux-Dames et à Saint-Pierre-des-Corps 551 et 716 sinistrés. Butant contre la levée du canal du Berry, qui protégeait la varenne de Tours, il la crève en cinq endroits et noie tous les nouveaux quartiers en cours d’édification entre le Mail et le Cher. A la Chapelle-sur-Loire, le courant, qui a forcé la grande levée d’Anjou, détruit entièrement, le 4 juin, le bourg en huit heures, laisse à la place d’un château un gouffre de sept mètres de profondeur, défonce le cimetière, exhume plus de cent cadavres, accroche les corps et leurs débris à la cime des arbres : le récit est insoutenable. La Chapelle fut de toutes les communes inondées la plus éprouvée avec un tiers de sa population sinistrée.
Dix ans encore après ce désastre, la Loire récidivait. En septembre 1866, une crue répétait, en plus brutal, le scénario de l’automne 1846. Des pluies torrentielles, exceptionnelles, sur le haut bassin ramenaient au Bec d’Allier un débit de plus de 9 000 m3s. Un grand nombre de brèches de 1846 et 1856 se rouvrirent. Par celle d’Amboise, le courant creusait derrière la gare, au Sauvage, un sillon profond d’une dizaine de mètres qu’occupèrent trois étangs. Par celle de Conneuil, où fut emporté un soldat en service commandé, La Ville-aux-Dames et Saint-Pierre-des-Corps furent à nouveau submergés. Mais Conneuil sauva Tours. « Le débit de cette brèche a dû être considérable, écrit le 7 décembre 1866 l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Collin pour la session ordinaire de 1867 du Conseil Général du Loiret, pour réduire de près d’un mètre, relativement à 1856, la hauteur à Tour ». Plusieurs jours durant, Tours vécut dans l’angoisse, ses nouveaux quartiers transformés en polder au-dessous du niveau des eaux ; mais l’épreuve était victorieusement surmontée. On ne dispose pas sur les effets de la catastrophe de 1866 des mêmes éléments d’information chiffrés que pour celle de 1856. Sans doute les bilans des victimes et des dommages furent-ils inférieurs, les levées ayant été renforcées dans les années 1860 et Tours ayant tenu bon. Ils n’en furent pas moins certainement considérables en décembre, alors que l’inventaire des dommages était loin d’être clos et que les dégâts faits aux routes et aux voies de chemin de fer, relevant des Ponts et Chaussées et des compagnies ferroviaires, n’étaient pas pris en compte.

Cf/ Loire sauvage, Yves BABONAUX



Blues en Loire
Fidèle au rendez-vous de fin d’été, la génération des « baby boomer » vient se plonger dans la musique de sa jeunesse, rappel nostalgique des premiers sons rythme & blues.
Le Chat - Edito 2013

Les temps sont durs. On voit disparaître des moyens, des lieux de spectacle, des festivals, des troupes, des artistes, et de beaux projets... Loin des mannes d'argent, dans le show et loin du business, discret sur les ondes et loin des grands médias, le blues trace son chemin.
Sa route passe par La Charité-sur-Loire depuis quelques d'années. Dans une salle intimiste, dans les jardins du cloître, sur la scène de la halle aux grains ou sur un coin de trottoir, en concert ou en boeuf, il éclabousse la ville de bleu fin août. S'il n'a pas de grandes vitrines, le blues a des fidèles, ses connaisseurs, ses amoureux. Ils aiment se retrouver, se baigner dans l'atmosphère qu'ils aiment, les festivals sont faits pour ça, et depuis plus de dix ans, ils sont là.
Alors cette année encore, venus d'Alabama, du Texas, du New Jersey, du Canada ou de France, de grands noms du blues viendront poser la "blue note " sur les rives de la Loire.